Vous êtes nombreux à me dire que vous n’osez pas photographier les inconnus que vous croisez dans la rue. Le plus souvent, ce qui vous bloque, c’est la peur de devoir affronter la réaction négative de la personne que vous venez de photographier.
C’est dommage, car en photographie de rue, les inconnus s’avèrent être un sujet passionnant, inépuisable et toujours différent. Si vous n’osez pas les prendre en photo, vous passez à côté d’innombrables opportunités.
Si vous n’osez pas photographier les inconnus de peur de leur réaction, je vais vous révéler un secret : la plupart des gens sont gentils.
Oh, inutile de vous fatiguer, je sais déjà ce que vous allez me répondre : « Une fois, j’ai photographié un homme, il s’en est aperçu, et il est venu vers moi, furieux ! »
Le problème que nous avons, nous les humains, c’est que notre cerveau a évolué de façon à retenir beaucoup plus facilement les choses négatives que les choses positives. Ce fonctionnement est utile lorsque notre survie est en jeu, mais dans la vie quotidienne, il s’agit plutôt d’un handicap. C’est un comportement dont vous devez avoir conscience, et qu’il vaut mieux vous efforcer d’ignorer, sans quoi il vous bloquera et vous limitera, et pas seulement en photographie de rue.
Je vous crois quand vous me dites qu’un jour, une personne que vous aviez photographiée a été agressive avec vous. Mais je sais aussi que dans de nombreux cas, vos sujets ont été complètement indifférents à votre action. Je suis même persuadé que le second scénario est bien plus fréquent que le premier.
Vous devez comprendre que votre cerveau vous manipule. Il préfère que vous ayez peur et que vous ne preniez aucun risque — on ne sait jamais ce qu’il pourrait arriver, se dit-il. Alors, dans votre esprit, une personne légèrement agressive aura plus de poids que deux-cent personnes indifférentes. Plusieurs années après, vous vous rappellerez encore d’une rencontre désagréable, tandis que cet inconnu qui ne vous a pas remarqué, vous l’aurez oublié dans dix minutes.
En réalité, lorsque vous prenez des photos dans la rue, vous ne risquez rien. Dans l’immense majorité des cas, soit vos sujets ne remarqueront rien, soit ils seront flattés de l’intérêt que vous leur portez et répondront à votre geste par un sourire.

Essayez et vous verrez. Prenez votre appareil photo et rendez-vous dans un endroit où il y a beaucoup de monde — l’idéal, c’est un marché ou une rue passante très empruntée. Prenez des inconnus en photo et à chaque déclenchement, comptez les points sur un carnet : inscrivez un cœur lorsqu’une personne vous sourit ou vous ignore, et une croix quand quelqu’un est agressif. À la fin de la journée, ça m’étonnerait que vous ayez beaucoup de croix.
Et, si cet argumentaire ne suffit pas à vous débloquer, si vous n’osez toujours pas photographier les inconnus que vous croisez dans la rue, venez me rejoindre sur le terrain lors d’un workshop.
Je vous montrerai que j’ai raison, que vous ne risquez rien et que les gens sont gentils. Je vous expliquerai comment vous y prendre pour les photographier, et je suis certain que cela changera votre façon d’aborder la photo.
(Prochaines dates des stages photo de rue : Bordeaux : 14 et 15 mai 2022, Marseille : 21 et 22 mai 2022, Paris : 11 et 12 juin 2022, Rennes : 25 et 26 juin 2022)