Et si le plus grand bénéfice ne résidait pas dans le fait de raconter des histoires, mais dans celui de les collecter ?
Dès le début de ma carrière, j’ai fait le choix d’une pratique amateure.
Plus que de satisfaire un client, ce qui m’intéresse dans la photo, c’est ce qu’elle peut m’apporter — ou plus exactement, ce qu’elle peut nous apporter, car quand j’écris à ce sujet, c’est avant tout pour vous aider.
Pour moi, la photographie n’est pas une activité purement technique, mais une incroyable source d’épanouissement et de développement personnel.
Mes deux derniers livres, Principes de la photographie de tous les jours, et surtout Libérez Votre Regard !, sont le fruit de cette idée.
Mais, revenons au sujet qui nous intéresse aujourd’hui : les histoires.
Avant de pouvoir raconter des histoires, vous devez commencer par collecter des histoires.
Comme nous l’avons vu dans un précédent article (Le pouvoir des histoires : pourquoi devriez-vous apprendre le storytelling ?), le fait de raconter des histoires est important et vous procurera un grand pouvoir.
Mais ce que vous devez savoir, c’est que le fait de collecter des histoires, aura également un impact profond sur votre vie et le sens que vous lui donnez.
J’ai remarqué cela quand je me suis obligé, pendant trois ans, à publier un article par jour sur mon blog.
Sachant que je devais publier un article quotidien, il me fallait trouver, chaque jour, une idée à partager.
Et en m’intéressant à mon quotidien, je me suis aperçu que, chaque jour, je vivais des choses interessantes, mais n’y portais que peu d’attention.
Forcé de trouver des sujets, j’ai commencé à être plus attentif à ce que je faisais, à ce que je voyais, à ce qu’il m’arrivait, et à remarquer ces petits riens qui peuvent donner naissance à des histoires.
Au début, c’était difficile de trouver des sujets.
Mais après quelques semaines, c’est devenu bien plus facile.
Et surtout, je me suis aperçu que cela avait un gros impact sur mon quotidien.
Par exemple,
- Quoi que je fasse, j’étais bien plus présent et attentif, car je ne voulais pas passer à côté d’une histoire à raconter.
- Mes journées étaient plus intéressantes, car même dans une file d’attente, au lieu de m’ennuyer, j’observais ce qu’il se passait, autour de moi comme à l’intérieur de moi, à la recherche d’histoires à raconter.
- De plus en plus, je trouvais un sens nouveau à ce que je faisais. Je tirais des leçons de ce qu’il m’arrivait ou des actions des autres.
- Plutôt que d’oublier, je me souvenais davantage des choses — un souvenir que l’on remarque, puis que l’on raconte, est ancré à jamais dans notre mémoire.
- Et surtout, le fait de partager ces histoires sur mon blog, me donnait l’occasion d’être utile. J’aidais mes lecteurs à remarquer les choses. Je leur permettais d’apprendre de mes expériences et de mes erreurs.
Deux histoires me viennent à l’esprit en écrivant ces lignes :
- Dans Quel est votre taux horaire ?, me garer dans un parking souterrain m’a fait comprendre que la majorité des gens n’avaient pas conscience que leur temps était précieux et qu’ils le gaspillaient sans même y faire attention. Une leçon importante, que vous retiendrez bien mieux grâce à cette courte histoire.
- Dans Pétanque improvisée, je me sers d’un moment passé sur un parking, en compagnie de mon fils, pour expliquer que vous obtiendrez de meilleures images avec un appareil que vous connaissez par cœur, qu’avec du matériel dernier cri, plus performant sur le papier, mais que vous découvrez à peine. Une autre leçon qu’il est bon de retenir.
Dans ces deux exemples, l’histoire de départ n’a rien d’extraordinaire.
Ces courts récits ne décrivent pas de grandes aventures, mais simplement des choses que nous vivons tous les jours.
Ce que vous devez comprendre, c’est que les histoires sont partout autour de vous, mais vous n’y êtes pas suffisamment attentif pour les remarquer.
Lorsque vous les remarquerez, votre vie deviendra bien plus intéressante.
Et pour y arriver, la seule chose que vous deviez faire, c’est de prendre la décision de raconter des histoires.
Ces histoires, vous pouvez les raconter à travers des photos, des mots ou un mélange des deux.
Elles peuvent être racontées publiquement (sur un blog ou les réseaux sociaux), ou rester privées (dans un journal intime ou un fichier dédié à la collecte des histoires).
Le plus important en réalité, ce n’est pas ce que vous en faites, mais le simple fait de prendre la décision de les raconter régulièrement.
Car pour raconter des histoires, vous devez trouver des histoires.
Et trouver des histoires, c’est ce qui enrichira votre quotidien.
Dans son livre Storyworthy, Matthew Dicks explique : « En cherchant des histoires, j’ai découvert que ma vie en était remplie. Remplie de moments précieux qui semblaient autrefois nettement moins précieux. »
La méthode préconisée par Matthew Dicks pour collecter des histoires est simple :
- Créez un fichier Excel dédié à vos histoires.
- Chaque soir, prenez cinq minutes pour vous remémorer votre journée, et trouvez au minimum une anecdote que vous pourriez raconter si on vous obligeait à le faire.
- Notez cette anecdote dans votre fichier Excel, sans vous embêter à raconter l’histoire. Quelques mots suffisent. Par exemple : « J’attendais avec Aksel sur un parking. On a joué à la pétanque avec des cailloux. Pour gagner, il cherchait un meilleur caillou à chaque tir. C’est quand il a arrêté de changer de caillou que ses tirs se sont améliorés. »
Cet exercice est simple et rapide, et c’est tout ce que vous avez à faire pour trouver des histoires et profiter des bénéfices dont nous avons parlé.
Vous pouvez le faire sur un autre support qu’Excel, bien entendu, mais gardez en tête que cela doit rester extrêmement simple — sinon cette habitude sera plus difficile à prendre.
Quand vous réalisez cet exercice, explique Matthew Dicks, « vous commencez à remarquer que les moments significatifs que nous vivons chaque jour influencent la vie des autres et le monde. Vous commencez à comprendre la nature cruciale de votre propre existence. Il n’y a plus de journées insignifiantes. Chaque jour peut changer le monde, même si ce n’est qu’un tout petit peu. À vrai dire, chaque jour passé depuis votre naissance a changé le monde. Vous ne l’avez tout simplement pas encore remarqué. »
Quant aux effets de cette pratique, il cite le témoignage d’une de ses élèves : « Cette habitude de collecter des idées a changé quelque chose dans mon esprit et ma manière d’être dans le monde. Elle m’a insufflé le sens de la patience, m’a fait voir avec émerveillement, m’a permis d’être plus enclin à essayer de nouvelles choses, et regarder avec des yeux frais et curieux. Le processus d’écriture est devenu plus important pour moi que le résultat, et je me sens chanceuse chaque jour de pouvoir créer quelque chose. »
Même si vous les gardez pour vous, je vous conseille vivement de prendre cette habitude de remarquer puis de noter les anecdotes ou les évènements qui pourraient servir de base à une histoire.
Si vous voulez raconter de bonnes histoires, c’est la première étape.
La seconde étape, c’est d’apprendre à bien les raconter.
Si vous avez du mal de ce côté-là, je vous rappelle que j’organise un workshop photo dédié au storytelling, les 5, 6 et 7 octobre prochains, à Paris, pendant le Salon de la Photo.
Les infos et les inscriptions sont ici : Workshop Photo – L’Art du Storytelling
