Beaucoup de photographes se plaignent de ne pas avoir suffisamment de temps à consacrer à la photographie.
Je sais que vous avez des vies chargées ; que pour la plupart d’entre vous, la photo est un loisir et non un métier ; et que vous avez des obligations plus urgentes ou importantes que de vous balader avec votre appareil photo.
Mais je sais aussi que beaucoup de photographes amateurs font une erreur : attendre d’avoir une longue plage de temps à consacrer à la photographie avant de sortir leur appareil.
Si vous attendez d’avoir une journée entière à consacrer à votre passion pour sortir votre appareil, vous ne prendrez pas suffisamment de photos.
Vous vous sentirez souvent frustré de ne pas pouvoir accorder davantage de temps à votre passion.
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Par manque de pratique, votre progression sera lente et difficile.
Et vous manquerez constamment de motivation, car contrairement à ce que l’on pense, cette dernière vient avec la pratique — il faut pratiquer régulièrement pour rester motivé, et non pas compter sur la motivation pour pratiquer régulièrement.
Dans mon livre, Libérez Votre Regard !, j’explique qu’en photographie de tous les jours, la pratique intégrée consiste à intégrer la photographie à votre quotidien, de manière fluide et régulière, tout au long de la journée, plutôt que de consacrer des blocs de temps spécifiques à une pratique délibérée et concentrée.
En clair, cette pratique intégrée se résume à deux lois fondamentales :
- Ayez toujours un appareil photo avec vous.
- Photographiez tout ce qui attire votre regard.
Si, chaque jour, et à n’importe quel moment de la journée, vous respectez ces deux lois, alors vous prendrez beaucoup plus de photos, vous progresserez plus rapidement, et éprouverez moins de frustration.
Essayez ces prochains jours, et vous constaterez une nette différence.
Si votre appareil est lourd et encombrant, n’hésitez pas à utiliser votre smartphone ou à acheter un compact, même ancien et d’occasion. Le plus important n’est pas la qualité technique des images obtenues, mais la possibilité de prendre des photos à n’importe quel moment de la journée ou de la nuit. Il faut que cet appareil soit toujours avec vous et que vous n’ayez pas peur de l’abîmer, voire de le casser, car sinon vous ne vous en servirez jamais.
Si cela peut vous aider et vous libérer, considérez cet appareil comme le carnet de notes d’un écrivain ou le carnet de croquis d’un peintre : un outil que vous avez toujours en poche, et qui vous permet d’immortaliser les choses que vous voyez ou les idées que vous avez au moment même où elles arrivent, pour ne pas les oublier et pouvoir les réutiliser plus tard.
Quant aux sujets que vous décidez d’immortaliser, n’y attachez aucune importance. Tout peut être photographié. Il n’y a pas de « sous-sujet ». Vous ne devez surtout pas hésiter à déclencher sous prétexte qu’un sujet ne plaira pas au public, ou parce que vous avez entendu un photographe dire que tel ou tel sujet n’avait aucun intérêt.
« On se promène et [on photographie tout ce qui nous] semble digne d’être arraché à la mort, à la disparition, à la poubelle de l’oubli. Le travail du photographe, sa mission, c’est d’arracher justement. C’est une espèce de chiffonnier du temps perdu. » — Robert Doisneau